La “vision” algorithmique ne décrit rien mais fait apparaître des corrélations prédictives – reliant entre eux des données recueillies dans des contextes temporellement hétérogènes. Ces corrélations rendent appréhendable ce qui n’est pas (encore) présent à la vue et produisent des nouveaux objets et de nouveaux espaces pour l’optimisation et la préemption. Cela revient à intervenir par avance sur des événements qui n’existent que sur le mode de la potentialité. Ces nouveaux objets et espaces potentiels, “apparaissent” de manière non figurative, dé-figurée, comme des sortes de “visions oraculaires” d’opportunités et de risques. Ils n’ont ainsi vocation à être ni vrais ni faux. Ils n’existent qu’en vue d’immuniser l’actuel (effectué, numerisé, expurgé de sa contingence) contre le virtuel, le probable contre l’excès du possible, l’impassibilité inorganique conte les événements organiques.
antoinette rouvroy
Dans: Cormerais, F., & Gilbert, J. A. (Eds.). (2017). Ètudes digitales – Le Gouvernement des Données. Classiques Garnier.
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